Crise financière : les français hypocondriaques mentaux ?

Publié le par Jeunes UMP de la 11ème Circonscription 92


C’est un fait : cette crise fait peur. Mais surtout, cette crise fait écrire et parler ; beaucoup, trop, mal. Tandis que chaque jour charrie son lot de prémonitions apocalyptiques et que des journaleux reconvertis en experts économico financiers se bousculent pour nous annoncer pèle mêle la fin du libéralisme, du capitalisme, de la finance moderne, de la puissance américaine, du monde… il souffle sur le pays comme un vent de désespoir et d’impuissance. Mais devrait-il en être ainsi ?

Sommes-nous désespérément condamnés à subir les lamentations stériles de notre classe journalistique ou est-il plus judicieux de rechercher les raisons profondes de cette crise, de gratter le vernis antilibéral primaire pour adopter une démarche que bien peu ont eu jusqu’alors le courage ou la présence d’esprit de mettre en œuvre ? C’est là le parti que je prends et ceux qui cherchent ici un énième brulot aux relents gaucho-fatalistes peuvent passer leur chemin.

Il semble bien difficile de ne pas déceler dans les récentes critiques apportées au libéralisme une pointe de triomphe, comme la revanche d’une clique frustrée par 20 ans de lutte acharnée contre un modèle qui n’a eu de cesse d’apporter dans les faits les réponses à ses détracteurs. Il y a dans la vague « d’analyses » qui déferle sur nos journaux comment un « je vous avais bien prévenu » qui suinte d’un opportunisme presque malsain. Le voilà revenu, l’Etat, le grand, le magnifique le régulateur, le garde fou canalisateur de l’esprit capitaliste malin et sournois. Le voici qui, ainsi que les prophètes l’avaient prédit, vient réparer les erreurs des tenants du tout-marché. Le marché, celui que l’on avait cru tout puissant, s’en retrouve mis à bas, incapable, qu’il semble être, d’exister sans la main bienveillante et régulatrice de l’Etat.

Loin de moi l’idée d’adopter une posture anarcho-libérale et de prôner la disparition absolue de l’Etat. Assurément des règles doivent être posées mais ces dernières ne doivent en aucun cas fausser la concurrence et les mécanismes de marché. Elles doivent garantir de la part des acteurs un comportement rationnel et responsable. Or il s’avère, après analyse, que c’est l’Etat, celui là même qui est aujourd’hui paré de tous les mérites, qui est à l’origine de la crise que nous traversons. Comment ? La crise n’est elle donc pas la création des traders fous et autres ingénieurs financiers qui, cloitrés dans leurs bureaux de Wall Street, auraient mis au point ces produits financiers qui aujourd’hui gangrènent les comptes des grandes institutions financières ?

Pour comprendre le phénomène il convient d’aller à sa source. Nous nous accorderons bien sur le point que cette crise dérive d’une bulle immobilière née aux USA ayant entrainé la multiplication de crédits pourris sur lesquels sont adossés les actifs qui aujourd’hui focalisent l’attention et les critiques. Les organismes de crédits voyant les possessions immobilières se convertir en autant de « collatéral » de nature à compenser tout risque de défaut entretinrent la tendance. Mais il est une question qu’il convient aujourd’hui de se poser : les mécanismes du marché, avec toute la rationalité de la part des agents qu’ils impliquent, auraient il conduit les emprunteurs à solliciter de pareils crédits et les organismes de prêt à les accorder ? A cette question force nous est de répondre par la négative car cette bulle immobilière a indéniablement été gonflée à la pompe gouvernementale et ce pour 3 raisons principales :

Premièrement, les années 1990 ont vu se conjuguer une extraordinaire croissance économique mondiale avec une faible inflation permise notamment par les forces désinflationnistes de la mondialisation : délocalisation, baisse des coûts de communication et de production, augmentation de la productivité permise par l’essor des nouvelles technologies… Grisés qu’elle était, la FED a semble il délaissé la prudence et maintenu ses taux d’intérêt trop bas pendant trop longtemps, préparant ainsi le terrain pour une crise future.

Deuxièmement, le gouvernement et le congrès, poursuivant le « American dream » de propriété immobilière pour tous employa un large éventail de moyens pour encourager les ménages à emprunter plus que de raison (crédits d’impôt et autres encouragements fiscaux notamment). Largement sous estimées, les conséquences desdits encouragements au crédit ont conduit des milliers d’américains à solliciter des prêts qu’ils ne pouvaient assumer.

Enfin, non content de susciter une demande artificiellement haute de crédit, l’Etat boucla la boucle en permettant à l’offre de suivre. Les organismes de prêt auraient ils ouverts grandes les vannes à crédit si Fannie Mae et Freddy Mac n’avaient consenti à garantir un montant anormalement élevé de crédits immobiliers et d’actifs CDO (subprime) adossés à ces mêmes crédits ? Il est probable que non.

Cette crise, en vérité, constitue précisément la réponse qu’apporte le marché aux interventions intempestives de l’état : il se régule, se purge, s’assainît pour ne garder que les éléments les plus solides.  La démarche à adopter aujourd’hui n’est manifestement pas celle consistant à blâmer les mécanismes de marché mais au contraire à montrer à quel point l’irrationalité des récents phénomènes va à leur encontre.

En outre, il est un principe immuable selon lequel  modération et  discernement sont bien faibles en temps de crise. Ainsi voit on dénoncé et porté en coupable sans distinction aucune la finance moderne dans son ensemble. Là aussi prenons garde à ne pas être trop prompts à bruler ce que nous avons vénéré. La finance moderne et dérégulée se trouve bien loin d’être ce que certains pseudos experts voudraient que nous imaginions. En permettant une réduction et une répartition du risque, elle contribue à rendre le capital moins onéreux (de façon non artificielle cette fois) et en permettant aux capitaux de circuler librement et rapidement, la finance moderne a permis une allocation rationnelle de ces derniers. L’illustration la plus nette de ces bienfaits est le boom des nouvelles technologies ayant grandement alimenté la croissance américaine des années 90.

De nombreux économistes libéraux considèrent cet exemple comme une éclatante démonstration des bénéfices de la finance moderne : l’ensemble des technologies considérées étaient en effet disponibles à toutes les nations mais les USA en firent le meilleur usage grâce à des investissements massifs et rapides qui n’auraient pas été possibles sans un système financier développé et dérégulé.

Enfin, le tableau de cette crise ne saurait être entièrement brossé sans la sempiternelle annonce de la fin de la puissance américaine. Là également se flaire un parfum de revanche du modèle européen de l’état protecteur sur ces maudits Yankee libertaires. Bien mal en prend les critiques de prédire pareil déclin. A n’en pas douter la puissance américaine sortira ébranlée de cette crise, mais si nous nous dirigeons probablement à court terme vers un monde apolaire (car prédire la chute des USA ne suffit pas à faire émerger un nouveau pôle de puissance majeure et dominante), il ne fait aucun doute à mes yeux que lorsque l’économie mondiale repartira, elle le fera outre Atlantique. Les dérives récentes ne doivent pas occulter le fait que les USA possèdent toujours et de loin les outils économiques, financiers et politiques les plus puissants et les plus à même de relever l’économie de la planète.

L’une des raisons à cela peut paraître simpliste mais n’en est pas moins significative : l’esprit américain est aux antipodes du fatalisme ambiant que nous autres européens connaissons si bien. Nul doute que l’économie américaine trouvera bientôt une nouvelle locomotive issue de ses centres de recherche, de ses universités ou des garages de ses citoyens ; nul doute que le système absorbera bien plus vite les mutations nécessaires et s’adaptera bien plus rapidement à la nouvelle structure de l’économie mondiale qu’une Europe sclérosée qui semble retomber dans ses habituels travers.

En somme, si cette crise est significative elle sera d’autant plus dévastatrice qu’elle semble être bien mal analysée et interprétée. Il convient d’agir avec prudence et discernement sans céder au populisme et à une remise en cause improductive du  modèle de libre marché.

                                                                                                       Kevin Gentle 

Publié dans Dans le Monde

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J
Remarquable, je souscris totalement à vos propos qui sont d'une grande justesse. Félicitations à tous les jeunes, continuez à réfléchir et à proposer comme vous le faîtes !\rAmicalement
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